BORDEAUX MERIADECK – LA BIBLIOTHEQUE MUNICIPALE
1 IDENTITE DU BATIMENT OU DE L’ENSEMBLE
Nom usuel du bâtiment : La Bibliothèque Municipale
Numéro et nom de la rue : 85, cours Maréchal Juin Terrasse Rhin et Danube – îlot IV
Ville : BORDEAUX 33000
Pays : France
PROPRIETAIRE ACTUEL
Nom : Ville de Bordeaux
Adresse : Hôtel de Ville, place Pey Berland, 33000 Bordeaux
Téléphone : 05 56 10 20 30
ETAT DE PROTECTION
Type : Située dans le périmètre de la ville de Bordeaux, inscrit au Patrimoine, Mondial de l’UNESCO
Date : 2007
Type : Plan Local d’Urbanisme de Bordeaux Métropole
Date : 2006 – révisé en 2014 – fiche B9029
ORGANISME RESPONSABLE DE LA PROTECTION
Nom : Ville de Bordeaux
Adresse : Hôtel de Ville, place Pey Berland – Bordeaux 33000
Téléphone : 05 56 10 20 30
2 HISTOIRE DU BATIMENT
Commande
La première bibliothèque de Bordeaux fut créée en 1740 grâce au legs de Jean-Jacques Bel de l’Académie Royale des Sciences, Belles Lettres et Arts de Bordeaux, avec un don de 3.000 volumes. Elle devient Bibliothèque Municipale en 1803 et s’installe sur les allées de Tourny.
En 1891, elle est transférée dans l’ancien couvent des Dominicains de la rue Mably.
Ce bâtiment s’avérant impossible à restructurer, le Maire Jacques Chaban-Delmas prend la décision, en 1980, d’installer la bibliothèque centrale du réseau bordelais dans le nouveau quartier Mériadeck.
L’importance du projet est considérable pour l’époque puisqu’envisagé sur une superficie d’environ 25 000 m2.
Le projet doit en effet prendre en compte à la fois la conservation et la communication des documents traditionnels, comme le livre, de l’un des patrimoines les plus considérables du pays, mais il doit aussi offrir aux bordelais une documentation contemporaine sur les supports nouveaux qui ont fait leur apparition comme l’audiovisuel et l’informatique.
Autre innovation, le projet intègre une salle de conférence et une salle d’exposition.
Un appel d’offre est lancé sous la responsabilité du Conservateur en Chef, Pierre Bottineau, et pas moins de 19 projets sont présentés.
Architectes
ARC : SCP J.C.FORTEZA – J.TOURNIER – B. TRINQUE
Cabinet ABCD en 2003 pour étude avant rénovation
Autres architectes et intervenants
AAA – Aquitaine Architectes Associés: A.GRESY – JR. HEBRARD
SBRU : Sté Bordelaise Mixte de Réalisations Urbaines, maître d’ouvrage
Date du concours juillet 1982 – 19 dossiers déposés
Date de la commande 1980
Période de conception 1983/1986
Inauguration 1991
Usage
La Bibliothèque de Mériadeck est le site principal et la tête de réseau des 11 autres bibliothèques de la ville.
Lecture, prêt de livres, DVD et documents
Fonds patrimoniaux anciens, estampes et manuscrits,
Bibliothèque des enfants, salle de loisirs numériques, atelier de numérisation, auditorium
Etat du bâtiment
Très bon état extérieur et intérieur après des travaux de rénovation et de modernisation à partir de 2009.
Résumé des restaurations et des autres travaux conduits, avec les dates correspondantes
Dès 2001, dix ans après son ouverture, la bibliothèque montre déjà certaines faiblesses sur sa fonctionnalité, comme des capacités de stockage insuffisantes, un important cloisonnement dû aux nombreuses parois de verre séparant les espaces publics sur plusieurs niveaux, des flux à revoir au niveau des halls d’entrée sur rue ou au niveau rez-de-dalle, etc.
En 2003, le cabinet ABCD est retenu pour faire une étude des évolutions à mettre en place.
La ville décide de procéder à une requalification en 2 phases pour des raisons budgétaires.
La phase 1 de requalification en mars 2009 portera sur de lourds travaux internes et externes (durée 14 mois) pour :
1°) une augmentation des zones de stockage: d’abord avec la suppression du magasin robotisé qui avait pourtant fait sensation en 1991 (coût initial de 27 millions de francs) et attiré de nombreux visiteurs français et étrangers. L’explosion de son coût de maintenance et la difficulté à trouver des pièces de rechange conduisent à son démantèlement au profit d’un stockage traditionnel. Puis l’acquisition par la ville et la réhabilitation d’un bâtiment mitoyen de 356 m2 sur la dalle de Mériadeck et d’un espace à l’abandon de 715 m2 appelé « délaissé sous dalle » qui prolonge la cour arrière de la bibliothèque au niveau de la rue.
2°) la remise à niveau du système de sécurité incendie,
3°) le réaménagement des halls du rez-de-rue et rez-de-dalle et leur mise en conformité par rapport à l’accessibilité handicapés ainsi que divers autres locaux de ces mêmes niveaux.
A l’extérieur, le bâtiment est mis en lumière et cinq auvents reproduisant des illustrations patrimoniales sont installés devant les deux entrées.
Coût de cette première phase chiffré à 5 572 156€ HT (l’Etat : 2 196 556€ HT et la Ville : 3 375 600€ HT).
La phase 2 de requalification à partir de 2011 a pour but de valoriser les espaces intérieurs, changer des équipements techniques comme les escalators, mettre en accessibilité les lieux ouverts au public comme l’auditorium ou les toilettes, revoir l’acoustique et la signalétique, créer une cafétéria, etc.
Coût de cette seconde phase chiffré à 5M€ (l’Etat apporte 2M€ et le Conseil Régional d’Aquitaine 0,78M€).
Aujourd’hui, la bibliothèque compte 27 000m2 dont 9 000m2 accessibles aux usagers. C’est une des plus grandes de France.
3 DESCRIPTION DU BATIMENT
La Bibliothèque est située sur la frange extérieure du quartier moderne, un secteur où, avec l’accord de Jean Willerval, les architectes ont pu s’exprimer plus librement. De plain pied sur le cours du Maréchal Juin, elle rejoint dans sa partie arrière la dalle sur laquelle elle vient s’ouvrir. Elle ne répond pas aux exigences du plan en croix, mais suit l’architecture des années 80, comme l’Hôtel de Région, et en reprend le choix des matériaux : le béton et le mur rideau.
Cet énorme édifice de verre aux reflets changeants représente une grande prouesse technique.
Il devait initialement être construit au-dessus d’une galerie commerciale et s’inscrire dans un complexe immobilier associant la Patinoire Municipale déjà en place et un centre privé d’animation et de commerces. Le permis de construire, appelé « complexe de l’îlot IV », comprenait un accès commun patinoire/bibliothèque, des parkings, cafétéria, bowling, discothèque, bureaux, restaurant, commerces divers.
L’abandon du projet de galerie marchande fut décidé par délibération du Conseil Municipal le 6 juin 1983 au prétexte qu’il n’avait pas attiré le nombre d’acquéreurs escomptés, entraînant (pour la petite histoire) des requêtes en réparation de préjudices subis, de la part de commerçants déjà propriétaires de locaux dès 1982. Cet abandon du projet se fait au bénéfice d’une extension des locaux de la Bibliothèque et cette décision fut reçue avec soulagement par les architectes.
Ils purent ainsi développer au maximum le principe des « façades miroirs » imposées dès le concours de 1982, en les poursuivant jusqu’au sol et créer cet étonnant polygone de verre et de béton dont la paroi souple et ondulante épouse l’angle de l’îlot avant de rejoindre la patinoire.
Cette utilisation massive du verre réfléchissant apporte au bâtiment la transparence, la luminosité et l’homogénéité inscrites dans le cahier des charges de l’époque qui préconisait l’emploi de produits verriers et cherchait également une rupture définitive avec l’image traditionnelle des bibliothèques françaises.
L’intérieur de la bibliothèque est tout autre et le contraste saisissant. La légèreté des produits verriers est remplacée par le parti pris du béton brut pour les hauts piliers qui soutiennent la structure de verre, pour les garde-corps et les caissons de l’atrium.
L’entrée principale est de plain pied sur le cours du Maréchal Juin, comme pour la Patinoire et les autres constructions en frange du quartier. Cette entrée directe sur rue correspond au niveau -1 du bâtiment.
L’arrière, ancré à la dalle piétonne, offre au public une deuxième entrée correspondant au niveau 0 de la bibliothèque, ce qui la rend facilement accessible depuis les autres îlots et l’esplanade du Général de Gaulle grâce au jeu des différentes passerelles, spécificité de Mériadeck.
L’entrée principale en rez-de-rue se signale par l’emploi d’une feuille vitrée plus fine qui suggère un immense porche qu’agrémentent 5 auvents décoratifs recouverts d’inscriptions patrimoniales.
Lors des derniers travaux, les signatures de Montaigne, Montesquieu et Mauriac (les 3 M du patrimoine littéraire bordelais) sont apposées sur la façade et viennent l’éclairer, ainsi qu’une multitude de petites lumières bleutées.
Menuiseries extérieures en façade : aluminium couleur « naturel »
Eléments extérieurs : verre réfléchissant couleur « antelio clair »
20 203 m2 de SHON sur un terrain de 3 766 m2
Parking de 22 places
Hauteur 37m – R + 11
4 RAISONS JUSTIFIANT LA SELECTION EN TANT QUE BÂTIMENT DE VALEUR REMARQUABLE ET UNIVERSELLE
1 – appréciation technique
Les études pour l’édification de la bibliothèque ont été particulièrement minutieuses, tant avec les architectes qu’avec les bibliothécaires. Des projets comparables ont été examinés ou visités en Europe et même aux USA et Canada et des contacts noués avec des spécialistes en design, en organisation et en robotisation.
Le critère de départ de rechercher un maximum de flexibilité et de transparence a été maintenu et a pu être réalisé par l’emploi massif de produits verriers, mais aussi de béton (110 000 m3) et d’acier (1 000 tonnes).
Une double paroi de verre de 10 000 m2 de surface isole du bruit et protège de l’ensoleillement.
Poteaux et poutres en béton armé soutiennent l’intégralité de la structure de verre. Cette « forêt » de poteaux demandera, d’ailleurs, une certaine adaptation pour l’installation des collections sur les plateaux.
2 – appréciation sociale
La Bibliothèque contribue très largement à l’animation du quartier et partage cette réussite avec la Patinoire qui la jouxte.
Elle est fréquentée par un nombreux public de tous âges et sa dernière rénovation permet d’y recevoir les personnes handicapées qui trouvent, dans l’espace « Diderot », un accueil personnalisé, des livres et DVD adaptés, du matériel informatique spécifique.
Depuis fin 2013, un emplacement de 140 m2 exclusivement dédié aux loisirs numériques, le « num’ » a été créé.
Salon e-presse, wifi à tous les étages, bibliothèque des enfants avec animations, espace Bordeaux et l’Aquitaine, etc.
Salle de conférences, auditorium, salle d’exposition.
9 000 m2 sont ouverts au public, répartis sur six niveaux, chacun ayant une couleur thématique pour une meilleure lisibilité.
3 – appréciation artistique et esthétique
Dès le début du projet, il avait été demandé au maître d’œuvre d’éviter que la bibliothèque ne ressemble ni « à un silo à livres », ni à « un bâtiment administratif » ou à « un temple de la culture ».
Son architecture devait souligner l’importance de l’évènement et s’intégrer par ses formes et le choix des matériaux au quartier et notamment à la curieuse réalisation de la patinoire qui la jouxte.
Intégration réussie pour cette architecture contemporaine de verre dans laquelle on peut pénétrer naturellement depuis la dalle ou la rue selon le souhait de ses concepteurs, alors qu’elle offre un contraste saisissant avec la masse plus sombre de la Patinoire à laquelle elle est accolée.
Du côté opposé, la Bibliothèque se confronte au verre fumé de la Tour Aquitaine dont elle atténue l’austérité, démontrant combien l’emploi d’un même matériau peut donner des résultats esthétiques dissemblables.
Tous les projets de construction d’immeubles sont soumis à l’appréciation de Jean Willerval, et son accord accompagne les demandes de permis de construire.
4 – arguments sur le statut canonique (local, national, international)
Inscrite dans le périmètre du plan déterminé par Jean Royer et Jean Willerval pour la Rénovation Urbaine du Quartier Mériadeck, la Bibliothèque est conforme aux exigences de Jean Willerval consignées dans le cahier des charges de la SBRU. En communication directe avec la rue, la dalle et ses passerelles, elle offre au piéton, selon le vœu du constructeur, le moyen de se rendre en toute tranquillité d’un point à un autre de ce nouveau quartier.
DOCUMENTATION / ARCHIVES
Archives écrites, correspondance, etc…
Archives de la Métropole de Bordeaux :
Permis de construire 82 Z 0457 du « complexe îlot IV » plans et documents, projet abandonné
Permis de construire de la bibliothèque 84 Z 5363 documents et échanges de courriers
1073 W 184 plans et détails
Versement 1041 W 1-66 : 66 articles versés représentant 10ml sur la période 1947-2001
Dessins, photographies, etc…
Fortuna-Major créativ studio by Martine Delahaye – projet de création d’une signalétique
Autres sources, films, vidéo, etc. :
1991 – Jugement de la Cour Administrative d’Appel de Bordeaux du 24 octobre 1991, 90BX00496
Histoire des Maires de Bordeaux – Les dossiers d’Aquitaine – 2008
Batiweb.com/actualités/architecture/une-grande-renovation-pour-la-bibliothèque-meriadeck-25-03-2009-12370.html
2011 – Bulletin des Bibliothèques de France, n°1 – De Mériadeck 1 à Mériadeck 2, requalification profonde et mutations subtiles – Marie-Claude Julié.
2012 – Dossier de Presse [PDF] aquitaine.culture.gouv.fr Modernisation Mériadeck
Bordeaux-gazette.com suite de la modernisation de la Bibliothèque Mériadeck 29 mai 2012
2013 – Dossier de Presse [PDF] gironde.gouv.fr
PHOTOGRAPHIES ET ARCHIVES VISUELLES
Archives visuelles originales :
Bibliothèque : plan de situation patinoire/bibliothèque
Bibliothèque : plan du rez-de-chaussée
Bibliothèque : le robot dans son magasin
Bibliothèque : plaquette commerciale du permis de construire
Bibliothèque : plan cuvelage en sous-sol
Bibliothèque : plan pied de poteau
Bibliothèque : plan garde-corps
Bibliothèque : projet de signalétique Fortuna-Major creativ studio
Bibliothèque : signalétique rez-de-rue
Bibliothèque : signalétique rez-de-dalle
Bibliothèque : photo de nuit Sauvegarder Mériadeck
Bibliothèque : extrait maquette Royer/Willerval 1970 – photo prise dans les locaux de Bordeaux-Métropole
Bibliothèque : l’atrium – photo Sauvegarder Mériadeck
Bibliothèque : détails façade côté rez-de-dalle – photo Sauvegarder Mériadeck